En 2017, l’association négaWatt a prévu que 400.000 emplois nets pourraient être créés pour répondre aux enjeux de la transition écologique avant 2030. L’origine de ce chiffre conséquent est à trouver dans l’importance croissante de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) au sein des entreprises, croissance intimement liée à l’évolution du rapport qu’entretiennent celle-ci avec les problématiques de durabilité.

La RSE gagne en importance au sein des entreprises

Tout d’abord, étudions deux des vecteurs sous-jacents du marché de l’emploi de la RSE : le marché de la consommation durable et la progression de la durabilité en entreprise.

Concernant le marché de la consommation durable, nous pouvons citer plusieurs statistiques mais les plus parlantes sont celles du Credoc. En 2018, à la question « Quelles raisons vous incitent le plus à acheter un produit ?», 67% des français qui répondent « le produit a des garanties écologiques » (vs. 55% en 2016), et 68% répondent « Le fabricant est soucieux du droit des salariés » (vs. 53% en 2016).

Concernant la progression de la durabilité en entreprise, Ecovadis a réalisé une étude visant à noter la gestion de la RSE des entreprises avec un baromètre basé sur le respect des enjeux environnementaux, éthiques, sociaux et relatifs aux droits de l’homme. Les entreprises françaises, qui avaient un score moyen de 44% en 2012, sont passées à un score de 51% en 2018. Et c’est bien ce dernier vecteur que nous nous proposons d’étudier ici.

L’évolution graduelle de l’approche RSE en entreprise

Distinguons les différents types d’entreprises en fonction de leur maturité face aux défis de durabilité, comme dans la matrice qui suit :

La matrice positionne quatre types d’entreprises en fonction de leur maturité sur les sujets de durabilité :

  • Gestion des risques : l’objectif de l’entreprise est de limiter les risques sur le plan légal et en termes d’image auprès du consommateur
  • Conformité : l’entreprise assure un suivi permanent de certains indicateurs extra financiers – comme ses émissions carbones ou sa consommation d’énergie – afin de respecter les normes qui la concernent. Les compétences en RSE ont été intégrées à certaines fonctions clés de l’entreprise et une direction RSE a été mise en place
  • Maturité : l’entreprise a intégré les enjeux de durabilité au sein de sa stratégie et a donc développé des compétences /plans d’actions RSE au sein de la majorité de ses départements
  • Entreprise à mission : la raison d’être de l’entreprise est de répondre à un ou plusieurs des enjeux de durabilité

Nous pouvons déjà souligner que, si ces catégories décrivent des entreprises différentes, il est possible pour une entreprise d’évoluer d’une étape de maturité à la suivante.

Etant donné l’importance croissante des préoccupations de durabilité pour les clients, les collaborateurs et les partenaires de toute entreprise aujourd’hui, le gain de maturité en matière de RSE va de pair avec un gain de compétitivité. C’est en fonction de ces deux facteurs – maturité et avantage compétitif – que les entreprises sont situées sur la matrice.

La matrice est divisée en deux parties. Pour les entreprises Gestion des risques et Conformité, la RSE est un centre de coûts et représente un avantage compétitif faible, là où pour les entreprises Maturité et Mission, la RSE devient un centre de profits (source d’innovation, de fidélisation des partenaires (fournisseurs, clients, etc) d’ouverture à de nouveaux canaux de distribution, etc.) et génère un avantage compétitif conséquent. Cela signifie que, pour une entreprise en phase de transition entre Conformité et Maturité, la RSE devient une source d’avantage compétitif de profits et non plus une source de coûts. Elle peut donc se permettre d’investir plus de ressources dans la RSE – en particulier en recrutant de nouveaux employés.

 

Des niveaux de maturité différents

Chacune des différentes phases de maturité d’une entreprise implique une approche différente de l’allocation des ressources de l’entreprise à la RSE. Pour mieux comprendre cette idée, explorons d’un peu plus près à quoi correspondent ces quatre phases :

  • Gestion des risques : l’entreprise n’a pas de stratégie de durabilité. Elle a des niveaux de transparence et de reporting extra-financiers assez faibles, et ses objectifs RSE sont centrés autour de la gestion des risques. Le premier objectif est de se conformer à la législation et au cadre règlementaire en vigueur, de sorte à ne pas faire l’objet de sanctions. Le deuxième est d’éviter un scandale ; au-delà de la perte de parts marché liée à la détérioration de son image, il y a des problèmes logistiques très coûteux en cas, par exemple de rappel de lots ou de suspension de la ligne de production.
  • Conformité : l’entreprise a une stratégie dont l’objectif est d’anticiper les risques et éventuellement de profiter de subventions publiques. Elle a mis en place un reporting extra-financier pour s’assurer de se conformer à tout moment à la réglementation, ainsi qu’une cartographie de ses risques majeurs. Cependant, elle n’a pas d’objectif d’amélioration des performances par la RSE.

Dans ces deux premiers cas, l’entreprise déploie des ressources pour limiter les risques. Elle accepte d’allouer un budget à la RSE parce qu’elle est consciente, qu’en cas de crise, elle aurait des coûts bien plus élevés. Lorsqu’elle n’a pas l’expertise appropriée ou les ressources suffisantes en interne pour mener un projet, elle externalise sa démarche en faisant appel à des prestataires tels que des cabinets de conseil.

  • Maturité : l’entreprise a intégré la RSE dans sa stratégie et dans ses objectifs de développement. Elle a mis en place des outils spécifiques à sa démarche de durabilité. L’avantage compétitif qu’elle espère acquérir sur son marché à travers une approche plus durable de sa production la pousse à innover d’un point de vue du produit, des relations fournisseurs, des canaux de distribution, ou de la stratégie marketing et de communication. Une fois l’avantage compétitif mis en place, le ROI (Return on Investment) de ses investissements dans une démarche de durabilité devient positif et la RSE s’établit comme un centre de profit.
    A ce stade, la RSE devient une part intégrante de chacune des fonctions l’entreprise, qu’il s’agisse du marketing, des achats, de la logistique, de la finance, etc. Le besoin de compétences RSE devient critique et l’internalisation de l’expertise, un besoin impératif. L’embauche et la formation à des compétences en RSE est indispensable pour toutes les fonctions de l’entreprise.

  • L’entreprise à mission : La démarche de durabilité est au cœur de la stratégie de l’entreprise, et l’engagement en devient son prérequis. La direction, les employés et les investisseurs collaborent autour des objectifs de développement durable fixés par la mission de l’entreprise. La RSE est la compétence indispensable au développement.  Selon le Nouvel Observatoire, 10 000 entreprises pourraient changer leur statut et devenir des entreprises à mission d’ici 2025. De même, l’engouement des investisseurs pour les problématiques de durabilité (selon la « Global Private Equity Responsible Investment Survey » de PwC, 66% des investisseurs considèrent la politique ESG comme créatrice de valeur) devrait accroitre la facilité d’accès au capital pour les entreprises à mission. De quoi faire exploser les créations d’emplois dans les années à venir !

Le gain en maturité RSE d’une entreprise va donc être accompagné d’un besoin d’internalisation d’expertise et de création de postes en RSE, en particulier lorsqu’une entreprise est en phase de transition entre Conformité et Maturité.

L’évolution actuelle du marché de la consommation durable est telle que la RSE représente un avantage compétitif de plus en plus important. Bien qu’aujourd’hui la plupart des entreprises soient au stade de Conformité – d’après l’étude Ecovadis mentionnée plus tôt, 57% des entreprises sont « adaptées » aux enjeux de la RSE -, elles sont poussées par les enjeux de compétitivité à passer au stade de Maturité dans les années qui viennent. Il en va de leur survie sur leur marché !

Ainsi, si le boom actuel du marché de l’emploi de la RSE est principalement lié au boom du marché de la consommation durable lui-même, il faut aussi prendre en compte que de plus en plus d’entreprises vivent une transition qui les mène à recruter des postes en RSE. Si ces deux facteurs interagissent entre eux de sorte à générer un « cercle vertueux » de la création d’emploi, on peut s’attendre à une croissance non pas linéaire, mais exponentielle du marché de l’emploi de la RSE dans les années qui viennent. Le chiffre de 400 000 emplois d’ici 2030 ne semble plus si impressionnant.

Conclusion

Il est maintenant clair que le besoin d’expertise RSE va devenir un enjeu majeur de la décennie à venir. Les travailleurs ayant cette expertise auront une énorme valeur ajoutée sur le marché de l’emploi et au sein de leur entreprise.

Il ne reste plus qu’à nous former !

 

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